"J'ai privilégié de vous proposer cette image qui illustre une structure architecturale, elle rappelle l'ingénierie des aqueducs romains qui étaient des ouvrages architecturaux monumentaux pour transporter l'eau (donc la vie) jusqu'aux villes et villages. Cette structure visible aux jardins de la fontaine avec ses angles marqués et son assemblage en bois, est une interprétation moderne du travail faramineux qu'ont réalisés les romains ce qui a permit de faire évoluer à travers les âges des villes comme Nîmes."

"Souvenir d'une nuit de décembre au cœur de Nîmes : La musique ne résonne plus sous les arcades des Arènes, Les lieux sont lumineusement déserts, Le silence envahit peu à peu la ville endormie, derrière les grilles, pas l'ombre d'un festaïre, Ou presque..."

"La photographie est pour pour moi l'immortalisation d'une émotion intime ressentie face à des objets, une lumière, rencontrés ici ou là. Les « monstres d'acier » m'interpellent et les puits de mine particulièrement, peut-être parce que je suis arrière petite fille d'un mineur de fond ? Ils sont les restes d'une histoire ouvrière passée, mais toujours très présente dans la mémoire collective et individuelle du bassin minier Alèsien. Les mines ont participé à construire l'architecture et la culture dans lesquelles les populations actuelles évoluent encore. J'ai choisi cette photographie, avec son cadrage étroit et une prise de vue par en dessous, car bien qu' elle représente un puits de mine, le spectateur peut y voir n'importe quelle structure industrielle, minière ou autre, qui de toute façon portera les mêmes symboliques et les mêmes fiertés. Je l'ai appelée « Rouge », car bien que j'ai choisi de vous présenter la photo en noir et blanc, ce puits est rouge..."

"Photo instantanée prise au lycée A.Daudet, juste avant de rentrer dans la salle 300. La lumière matinale à travers cette fenêtre en ogive m'a spontanément invitée à prendre ce cliché, avec mon Iphone XR."

"Architecte de formation, l'espace construit nourrit mon regard. Il invite à me questionner, à explorer la place et les jeux, des vides et des lignes dans l’architecture, comme un jeu formel et plastique, mais aussi comme des lieux de mémoire, des vestiges du passé. Pour le cadrage, je m'intéresse à la forme que je confronte au vide qui l’entoure. Marqué par l’architecture et attiré par la peinture, je cherche dans la singularité des objets, des lieux et des paysages, le point de métamorphose qui les font basculer dans mon univers visuel. Comme des entropies d’architecture à imaginer. L’entre, le bord, la limite, l’inoccupé, l’espace et le vide sont mes outils et viennent obstruer la photographie."

"Symbole de Nîmes, 2000 ans d'Histoire. Prise de vue, place de la Maison Carrée."

"C’est un lieu (square de la couronne) où je passe régulièrement mais qui est presque toujours vide. Ici la photo témoigne d’un temps de solitude ou de partage, mais d’un temps d’arrêt. La lumière filtrée par les feuilles des grand platanes contraste avec les lignes droites des fauteuils, de la table et de la bande de carreaux blanc. Le mobilier urbain, sujet partagé par l’architecture et le design, est souvent décrié, devenu bien souvent une arme anti-SDF. Sans apporter de réponse, cette photo questionne la dimension « accueillante » de notre ville."

"Nîmes Valdegour : une route surelevée, un espace public sous un pont, un terrain de jeux, une forêt, une galerie pour les artistes de graffiti, un lieu indéterminé."

"Le Palais de Congrès de Nîmes émerge peu à peu du sol, s'implantant à la croisée des chemins entre les quartiers La Placette et Moncalm. Le tissu urbain environnant est un patchwork hétéroclite, où se côtoient les maisons d'anciens faubourgs, les immeubles des années 80/90 et le musée de la Romanité. Dans ce décor, un dialogue se noue entre la pierre et le béton, l'ancien et le moderne, l'habité et le fonctionnel. Les voix se mêlent, se répondent, s'opposent parfois, dans un concert polyphonique qui interroge : oui ou non, pourquoi pas et pourquoi tout court ? La sensation d'étouffement ou, au contraire, l'épanouissement de ce site après avoir servi de parking ? Le mariage forcé ou heureux, difficile à donner une réponse unique et immédiate avant que la vie ne reprenne ses droits après le chantier. Mais aujourd'hui, la rencontre vient à peine de commencer. Les formes s'esquissent, les lignes se dessinent, dans un ballet architectural qui laisse entrevoir les prémices d'une harmonie nouvelle. Et peut-être, qui sait, les fondations d'un nouveau chef-d'œuvre dans le paysage architectural singulier du Gard."

"Alors, le voilà le défi qui m'était lancé : arpenter les confins du département – des Hauts-Fourneaux au Ponant, de Saint-Laurent-des-Arbres au lac du Bonheur – pour capturer l'image d'une architecture singulière. Moi qui n'ai jamais quitté ma ville, jamais dévié de mon aller-retour quotidien du 37 rue de l'Horloge à mon bureau des archives du carré d'art, j'étais au contraire condamné à un voyage minuscule au cœur de Nîmes. Sur mon trajet, vraiment, quel regard neuf pouvais-je encore porter ? La Maison Carrée, unique par excellence, évidemment s'y dressait. Mais deux-mille ans de regards et deux-cents ans d'images l'avaient réduite à un lieu commun. Pourtant, j'ai attendu, comme chaque jour à midi, assis sur l'un des bancs de béton qui font face à l'édifice. Dans le brouhaha visuel de la foule, j'ai cherché. Et soudain, Tanios a paru, drapé d'une couverture de feutre. Immobiles, nous avions le temps pour nous. Hors-champ, les autres avaient la vitesse. Cette vitesse qui, selon l'architecte-philosophe Paul Virilio, change une caresse en giffle. J'ai volé la fraction de seconde où la foule a cessé, autour de mon sujet, de fourmiller dans le viseur de mon appareil. Tous deux noir carbone sur blanc calcaire olithique, la cape de Tanios et le temple antique se répondaient. Par leur dialogue, ils redonnaient à toute architecture, de feutre ou de pierre, sa fonction depuis la nuit des temps : fabriquer un abri. Finalement, c'est Tanios qui a fait la photo. Par sa simple présence, il m'a rappelé que l'architecture révèle bien plus qu'un objet, un lieu de géographie, une forme. Chaque construction reste unique, comme une photographie, dans sa tension particulière avec les êtres, le déplacement, le temps. En déshabillant par ricochet la Maison Carrée du manteau de banalité qui la recouvrait, Tanios avait restitué à l'édifice, que je croyais saturé de clichés, sa puissance visuelle singulière. Bel et bien unique au monde." [Tanios Younis a trouvé refuge au CADA Luciole rue Sainte Perpétue après exil forcé d'Egypte. Il m'a dit que l'histoire se répètait de la domination de l'Empire du Nord]