Coup de cœur

I am Aurore Colbert

Photographies de Marie MONS

Mons_Marie

« I am Aurore Colbert » said Marie MONS

 

Beauté fulgurante, qui brille d’une lueur très vive, qui frappe par son éclat ; tel pourrait se définir l’effet que me procura ma première rencontre avec ce singulier projet photographique lors de ma participation au jury de sélection pour la résidence de création de la Villa Pérochon. Un bon signe, qui relève des sensations, de l’«aesthesis », avant-coureur d’une œuvre en construction. Une invitation à aller au-delà en explorant les territoires de la « mimesis », en interrogeant les intentions de l’artiste. J’ai donc regardé et j’ai ensuite essayé de comprendre. Que me propose- t-elle ? Qu’est-ce qu’elle me veut ? Que cherche-t-elle ? J’ai noté quelques mots qui me venaient à l’esprit

Vie et mort d’Aurore COLBERT

De janvier à mars 2016 la photographe Marie MONS s’est délibérément transformée. Cette métamorphose elle l’a documentée. Parlant de l’hiver et de ses nuits polaires, du rythme qu’il induit au travers d’un grand rituel chamanique, elle incarne son personnage en laissant toujours la part belle à la surprise. À la manière d’un monodrame, les habitants de Seyðisfjörður – village situé dans un fjord à l’est de l’Islande – sont devenus les acteurs de ce théâtre d’expérimentation, traduisant ainsi ses projections mentales, inventées ou réelles. Elle s’est dédoublée le temps nécessaire pour mieux se retrouver et s’est autodétruite ensuite pour ne pas se perdre.

Aurore boréal

Il y a ici deux aurores. L’arrivée d’Aurore COLBERT au sein de ce village de pêcheurs islandais est la lumière qui vient éclairer leurs longs mois dans la pénombre : « elle l’emporte sur l’obscurité » s’exclame une habitante à son sujet. Comme l’aurore boréal elle scintille, flamboie au sein de la communauté mais son mystère inquiète.

Mons_Marie

Prè-cogs

Cette beauté froide, qui fascine dès le premier regard, relève de l’imago, du visage, du masque que Marie nous donne à voir d’Aurore. Elle semble sortie tout droit d’un film de science-fiction adapté d’une nouvelle de Philippe K DICK. Androgyne étrange, elle vient habiter un territoire intemporel dans lequel la réalité et la fiction se mêlent. Elle connait son futur et préfigure sa mort/renaissance prochaine.

Performances

Par le biais de la performance de l’artiste dans l’espace public mais aussi parce que ce projet artistique constitue une véritable performance d’un point de vue opératoire. Marie MONS a su en trois mois non seulement se faire accepter et déployer son protocole qui a fait œuvre mais elle aussi réussi à impliquer les habitants dans la co-construction de celle-ci. Elle a fait que la population locale pense avec elle l’œuvre en train de se faire et se l’approprie. Faire œuvre comme on fait société.